INTERVIEW DU 113
D'où vient votre nom, le 113?
C'est tout simplement notre numéro de rue dans la cité. On représente un lieu, un état d'esprit.
On n'allait pas prendre un nom du style Zulu Nation. Avant tout, on est un collectif du 94,
Mafia K'1 Fry, coincé entre Orly, Choisy et Vitry.
Cut Killer est coproducteur de votre disque, est-ce que cela représente quelque chose pour vous?
Bien sûr, Cut Killer est un homme de terrain, il est bien en place dans le milieu du hip-hop et a une expérience énorme.
C'est un travail fondé sur des liens sacrés.
Vous faites du rap depuis dix ans et vous sortez seulement maintenant votre premier album, pourquoi?
On ne voulait pas se précipiter et sortir n'importe quoi. En 98, on a enregistré un premier mini-album,
"Un Truc De Fou", et on a beaucoup tapé dans les featuring. Maintenant tout est différent, on fait enfin notre album
avec notre propre son. Quand tu bosses sur le projet d'un autre rapper, les choses sont différentes.
Le projet ne t'appartient pas et tu te colles sur un truc qui existe déjà.
Votre album est-il réaliste?
Complètement, nos lyrics trouvent toujours leur pendant réaliste dans la vie. Même si on ne vit pas
toutes les situations que l'on présente dans nos titres, ce sont des choses qui, pour nous, constituent notre
quotidien, celui de la cité Camille Groult.
Dans votre album, il y a pourtant des titres porteurs d'espoir?
Ouais, pour des textes comme "Les Princes De La Ville", on part d'un constat et on essaye de marquer le coup.
On pense que tout le monde peut réussir et cela ne dépend pas du niveau social ou scolaire...
Comment expliquez-vous le fait d'avoir un succès aussi rapide : vous êtes disque d'or en trois semaines. C'est "gros" non?
si les gens kiffent le disque, c'est tant mieux pour nous. De notre côté, ça n'a rien changé. Notre rap ne s'est pas adapté à la demande.
On est de Vitry et on le reste. De toute façon, le rap est une musique du ghetto, faite par les gens du ghetto.
Il ne faut pas oublier que le rap est né dans le bronx. Sans cette expérience, on ne peut pas créer. On peut comprendre mais pour créer, il faut du vécu...
Seul le bon rap marche, hardcore ou non, il n'y a pas deux mondes.